Pourquoi là, dans ce lieu, avec ces organisateurs-là ?
Deux éclairages pour une réponse…
« Faire des constellations familiales » pour « aller mieux, débloquer des situations, apaiser des conflits… » et toutes autres indications habituellement recommandées pour recourir à cette technique, c’est bien. Peut-être. Et très insuffisant, sûrement, pour atteindre ces objectifs.
J’ai eu la chance, lors du début de ma formation et pratique à l’exercice, de voir s’inscrire cette technique dans un travail plus global de développement personnel à dominante psychologique. C’est surtout la notion de maillon dans un processus, que je retiens et souhaite vous faire partager.
Point n’est besoin d’être philosophe, spiritualiste ou alchimiste pour se poser les questions fondamentales : Où vais-je ? D’où je viens ? Pourquoi je vis ce qui m’arrive ?
Ou en versions moins panoramiques : Quel sens à mon couple ? Pourquoi je suis tout seul ? Pourquoi je suis triste et dépressif ? Pourquoi j’ai contacté cette saleté de maladie ?…
Tôt ou tard, nous finissons par tourner en rond autour d’une ou plusieurs de ces questions dont les réponses nous échappent. Là survient vraiment le sentiment de mal-être dans sa vie.
La faute à toutes sortes de Puissances extérieures, la Chance et son opposée, les Médias, le Marché, mes Parents, mon mari ou ma femme, mon chef,…
Tourner en rond autour des questions, la faute aux Puissances extérieures, « faire » des constellations familiales (animées par des spécialistes), tout cela a un point commun : nous représenter les choses et le monde comme extérieurs à nous, éloignés et donc inaccessibles. Nous avons alors bien peu de chances de trouver des réponses satisfaisantes, et surtout comestibles, intégrables par notre structure de chair et d’os.
- Si par contre, nous regardions le problème comme la solution potentielle à notre difficulté ?
- Si nous fermions la radio et le télé qui nous intoxiquent des heures par jour à coups d’informations uniquement anxiogènes ?
- Si je regardais cet homme ou cette femme que j’ai aimé(e) et qui m’agace tant désormais, comme le miroir de ce que je veux éluder chez moi ?
- Si je me demandais pourquoi mon foie est si mal en point, en farfouillant au besoin un peu sur le net pour comprendre « de quoi qui cause, ce foie engorgé, des fois que » je puisse y faire quelque chose, avec un peu de foi en ce que je comprends… ?
- Si je regardais ces affreux conflits avec ma famille comme des enseignants qui savent mieux que quiconque ce que j’ai besoin de comprendre et d’apprendre ?
Alors déjà, j’irai mieux : me dire que si tout cela me concerne, me touche, c’est que ça m’appartient… Et donc, puisque c’est dans ma propriété, je peux y exercer mon pouvoir… Ça change beaucoup de choses. D’un coup je me retrouve debout, avec le droit de dire oui, ou non, ou mer… Waouh !… Et être debout, c’est la première étape pour marcher. Vers ?
Vers la réponse aux questions que je me pose, qui sont en réalité les moteurs de ma vie. Vers mes sens, mes sensations, mes sentiments : ils sont les capteurs de ces moteurs, ils en contrôlent le fonctionnement. Juste apprendre à lire ces cadrans, mes cadrans.
Les constellations, là, maillon dans ce processus, prennent du sens : je vais m’appuyer sur mes ressentis, mes sensations, et sur ceux de mes camarades, pour voir et comprendre des choses qui se dérobaient jusqu’alors. Cela devient possible juste parce que je vais expérimenter que c’est grâce à mes sens (qui font indubitablement partie de moi) que j’aurai accès à ces informations. C’est magique, au sens de la magie- l’âm(e) agit, mon Être intérieur me parle. Je peux, alors, commencer à me réapproprier ma vie, mon chemin, mon destin… Bien sûr, l’important est là, pas les constellations en tant que telles.
J’en ferai autant que j’en aurai besoin pour avoir finalement mis au jour, rangé ces objets divers et variés qui entravaient mon chemin.
Alors, je suivrai ma route, librement…
Yves, 13 novembre 2014
* *
Vérité et liberté sont indissociables, tout comme autonomie et responsabilisation.
Ces qualités, en lien avec la recherche de l’individuum, (être indivisible), sont comme un écho au mythe de l’éternel retour, empreintes de la nostalgie du Tout.
Transcendance et Immanence
Comprendre et définir l’être humain n’est pas aisé, puisque cela suppose que nous soyons capables de nous regarder. Or nous ne pouvons pas nous voir directement.
Nous sommes tentés de réduire la totalité de notre expérience du monde aux informations recueillies par nos capteurs sensoriels : l’humain a besoin pour sa propre sécurité, de repères concrets dans son environnement.
Sa recherche consciente ou non, vise sans doute à briser le chaos apparent et ainsi définir un espace, un cadre, dans lequel son sentiment de séparation ou d’abandon fondamental sera estompé ou rendu acceptable.
Cet aspect semble lié à la nature ontologique de l’homme, c’est-à-dire aux similitudes de forme entre ses composants de nature sacrée (ça crée) et substantiels (matière).
Dans ce contexte, il est très tentant de maintenir uniquement à l’extérieur de soi ce qui est au-delà du perceptible et des possibilités de l’entendement.
Cela s’appelle la transcendance. Elle peut conduire l’humain à fuir ses responsabilités et finalement à perdre ses propres capacités créatrices.
L’humain est également porteur de sa propre essence, de son principe. Il agit ou réagit souvent vis à vis de lui-même. Il ne peut être séparé de ce sur quoi il agit, il est en résonance.
Il est constitué de l’action qu’il va opérer. Celle-ci modifie l’objet, qui en se modifiant transforme l’opérateur. Dans la réalité physique, l’observateur ou l’expérimentateur modifient le résultat. Ce lien interactif entre les différents aspects de l’individuation s’appelle l’immanence.
Alice ou les Jeux de miroirs
Ce jeu de miroir entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’individu et le processus créatif en chemin est omniprésent dans nos vies. C’est probablement pour trouver le trait d’Union entre ces deux raisons, ces antagonismes, que l’homme a d’abord par anthropocentrisme humanisé la déité. (Il (dieu) est Tout). Comprendre Dieu nécessite de comprendre le Néant.
Créer l’Univers sous entendrait un retrait d’une partie de Néant, de lui–même, comme peut l’imager une bulle d’air dans de l’eau. L’espace vide ainsi généré, permettrait au Néant de se réinjecter différemment. Cette autre forme devient le réceptacle du processus créatif, ce que l’on nomme de fait la création. Comme pour une bulle d’air dans l’eau, la paroi n’existe que par une différence de pression et d’état, mais reste virtuelle du point de vue fondamental. Cette forme, ou cette bulle, va dans son processus d’évolution, se fractionner et se multiplier de façon fractale puis ralentir sa course, son rythme, et se densifier peu à peu. De plus en plus d’espaces disponibles continueront, tels des microcosmes autonomes pourtant inter-reliés, à exprimer la force de vie. Ce que l’on nomme Dieu pourrait à notre échelle humaine, être comparé à ce processus créatif.
À l’image de l’homme, et à celle de la nature qui nous environne, mais aussi que l’on s’adresse à la physique des particules ou à la réalité astronomique, l’univers cherche le meilleur rendement, la perfection, comme un point d’équilibre. Ce trait d’Union, cet équilibre est rendu indispensable à la compréhension même de notre juste place terrestre. L’univers chercherait l’humain dans son processus créatif illimité, ainsi que son enthousiasme. Comme s’il tentait de nous rejoindre dans notre infinie lenteur, l’univers ayant besoin de l’humain pour s’exprimer.
Réconcilier nos natures physique et divine ?
Saurons-nous voir à travers nos émotions pour véritablement accepter le jeu de miroirs qu’est l’existence ?
Dans cette démarche, comme le rend manifeste le travail de constellations, nos épreuves, nos difficultés nous révèlent l’existence de matériaux inconscients ou intérieurs perturbant notre structure sur tous les plans (bioénergétiques). Elles deviennent avec la prise de conscience le véritable moteur de notre transformation.
Dans ce cheminement, nous vivons d’abord inconsciemment puis de plus en plus précisément ces facteurs de mal-être, déstabilisants. Ils nous révèlent des blessures ou des besoins qui leurs sont intrinsèques. Plus on s’approche du fait extérieur déstabilisant notre structure, plus nous pouvons identifier les tenants qui lui sont liés.
Avec le temps et la distanciation, nous ferons le tri, entre les éléments nous rendant cohérent et ceux qui semblent ne pas nous appartenir. En réalité, ceux-ci seront comme un témoin des résistances intérieures que nous devons transformer, pour être plus en paix. Ces résistances sont l’obstacle : il génère une ombre grâce à laquelle nous pouvons avec assurance nous approcher de la véritable lumière, cachée juste derrière.
Elle éclaire une route, ma route, celle que je crée…
Pierre, 13 novembre 2014